TEMOIGNAGES

Le permis le plus long - un démarrage catastrophique et 3 confinements plus tard !… 

Ça commence il y a plus de dix ans avec une visite médicale qui tourne mal… Pas d’accord du médecin agréé pour s’inscrire au permis de conduire à cause de ma prothèse avant-bras droit ; trop risqué selon le médecin, pas assez de maintien du guidon. Forcément déçu, je fais une croix sur la route mais pas sur les chemins et continue à pratiquer l'enduro commencé 5 ans avant. Pays Basque, Portugal, Maroc, je serre les fesses à chaque liaison de route ou à l’arrivée à Tanger pour le contrôle des papiers des motos, mais avec ma bande de potes enduristes, on trouve toujours le moyen d’éviter les contrôles ou de raconter des histoires.

Quelques années plus tard, avec toujours en tête de rentrer dans la légalité et de pouvoir (enfin) rouler sur route en toute sérénité, je discute avec mon prothésiste (Samuel Thibaud – Ortho-Link), lui-même ancien enduriste, toujours motard et on finit par se dire qu’il faut retenter le coup de la visite médicale, mais avec une prothèse dédiée, conçue pour la moto, avec un maintien du guidon optimum. Samuel me conçoit la prothèse adéquate et là tout s’enchaîne : à la vitesse de l’administration mais sûrement, nouvelle visite médicale (pas avec le même médecin), dossier à la préfecture, approbation, puis plus rapide et efficace, contact HMS (Marc), contact moto-école (Philippe Augé, CER Bobillot), adhésion HMS, inscription moto-école, rencontre instructeur (Guillaume Lucas) et début de l’aventure permis, la vraie !

Nous sommes en février 2020, proche du 1er confinement… Je pars donc chercher la moto un matin tôt en scooter MP3 au siège d’HMS à Bures sur Yvette. Marc me présente la CB500 rouge aménagée «tout à gauche» (accélérateur, embrayage, frein avant) et arrive à me convaincre de laisser la poignée de gaz à tourner «dans le bon sens», à l’inverse de ce que j’ai toujours eu (j’ai appris comme ça), c’est-à-dire gaz vers le haut… Soit. Je me dis que ça va passer avec de l’entraînement et que mon cerveau va forcément pivoter à un moment donné. On monte l’engin sur la remorque et me voilà parti pour la «piste plateau» de CER Bobillot à Pondorly (parking du Metropolis pour les night clubbers).

Sur place, je retrouve mon instructeur, Guillaume, qui descend la moto de la remorque – il la teste (car il doit la ramener à l’auto-école place d’Italie après) et ça roule pour lui (il a l’habitude des commandes inversées et surtout, c’est son métier !).

A moi de jouer. Je fais des petits tours à 10-20km/h pour m’habituer à l’embrayage (que je n’ai plus depuis longtemps sur les enduros équipés de Rekluse (embrayage auto) et le MP3, et surtout avec l’accélérateur dans le «bon» sens auquel mon cerveau n’a jamais été confronté. 

Tant bien que mal, je pense que ça peut le faire mais… à un moment, je vais un peu vite (30 km/h !) et veux couper les gaz – réflexe inverse : j’accélère, et 3 fois je veux couper, et 3 fois j’accélère. Bingo : je me retrouve contre une barrière ! Phare explosé, compteur également et moi, un bon coup dans les côtes. Encourageant pour la 1ère leçon !

Retour de la moto à Bures, en réparation et conviction qu’il va falloir changer le sens de l’accélérateur pour «mon sens», ça paraît incontournable – même si Marc reste persuadé que je vais m’habituer car il a déjà eu à faire à un cas similaire ; moi je pense que c’est trop dangereux car trop ancré dans mes réflexes. Une fois la moto réparée chez CMS91 à Corbeil Essonne, Marc accepte (merci !) d’inverser le sens de la poignée de gaz pour me permettre de remonter sur la moto sans appréhension pour la 2ème leçon…