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Céline (50) : Permis moto solo
Parfois pour certains d’entre-nous, l’aventure permis moto s’apparente à un chemin de croix, mais si comme Céline, on dispose d’un solide sens de l’humour, le récit de ce calvaire fera, le saint graal obtenu, le délice des futures soirées entre potes, motards ou non !
Céline est une femme active, une maman et elle est passionnée de motos depuis son plus jeune âge. Son papa est motard et il ne conçoit pas une balade moto sans sa fille en passagère. Petit hic quand même, Céline est atteinte d’une ATMS, soit en langage décodé, une agénésie transverse des membres supérieurs, elle est née sans main droite, son bras ayant arrêté son développement en dessous du coude. Handicapée Céline ? Diantre non, elle vit sans prothèse, conduit son auto, fait du vélo et s’acquitte de ses tâches quotidiennes sans même penser que disposer d’une main droite pourrait s’avérer utile ! Mais, bon, lorsque l’on veut passer de passagère à pilote sur une moto, elle manque un peu quand même cette main droite !
Comme bon nombre d’entre-nous, son aventure permis va débuter par une recherche internet et la découverte du site HMS. Le 1er juin 2021, elle se lance et contacte Marc. Il lui indique la marche à suivre et lui confirme que sans prothèse, pas de moto solo.
Le 3 juin, la visite médicale se conclut par un apte définitif, sa façon pour le médecin de souhaiter un bon anniversaire à Céline dont la date d’anniversaire coïncide à un jour près au jour du rendez-vous chez ce médecin. Dans la foulée, visite chez PROTEOR CAEN pour la confection d’une prothèse et il ne reste plus qu’à acheter une moto en boîte DCT… Sauf que sans permis, pas d’assurance et sans assurance, pas de mise à la route de la moto… Allo Marc !... Ce sera par la mise à disposition de la CB500 en boîte manuelle, Marc ayant convaincu Céline que passer son permis en boîte automatique est un peu restrictif, que l’aventure pourra reprendre.
PROTEOR CAEN se montrant un peu lent à la détente, Céline change de prothésiste et rencontre Pierre Lemarchand chez ORTHOFIGA CAEN qui l’oriente sur Pierre Flores qui pourrait l’aider pour l’acquisition d’une prothèse « Ride Arm ». Tout ça, c’est un peu du chinois pour Céline, qui va quand même contacter Pierre et découvre que ce n’est pas du chinois mais du hongrois, lorsque Pierre la met en relation avec Baloo Rider et l’aide dans les formalités pour acquérir sa prothèse.
Tout est donc pour le mieux, la visite médicale, la moto, la prothèse, tout est coché, mais non ! … Maintenant, c’est l’ANTS qui bloque le dossier lui demandant de contacter la DDTM pour obtenir une attestation de codification des aménagements du véhicule… Allez, nouvelle bataille en perspective car nous sommes début septembre et pour cause de vacances à venir, ils ne veulent pas se déplacer avant leur retour de vacances, c’est-à-dire fin septembre. C’est sans compter sur l’énergie de Céline qui voit qu’elle ne pourra rien démarrer sans la validation des aménagements… Comme elle le dit, elle pète un câble et finit par obtenir que l'inspecteur en chef ainsi que la responsable Sécurité Routière de la DDTM viennent voir la moto sur la piste d'entraînement de l'auto-école, un samedi matin sur leur temps personnel. Finalement, ils lui signent cette attestation accompagnée d’une réflexion de l'inspecteur qui lui dit : "je valide les aménagements car je n'ai pas le choix, ils correspondent bien à ce qui est demandé par le médecin de la Préfecture, mais en pratique je demande à voir ! ». Nous sommes le 11 septembre 2021.
Le 16 septembre, la prothèse arrive et est prise en charge par le prothésiste pour l’adapter au bras de Céline. Le 21 septembre, l’Épreuve Théorique Moto est dans la poche. Le 28 septembre, premier essai de la prothèse en situation. La prothèse est validée et elle est finalement livrée le 7 octobre avec son emboiture définitive en carbone. C’est parti pour l’apprentissage qui va dans un premier temps frôler la catastrophe, mais pas l’arbre qui arrête Céline. Elle est partie pleine balle sur le circuit et dans un moment de stress, elle n’arrive pas à contrôler sa moto qui décide de sauter un talus pour aller embrasser un arbre. Plus de peur que de mal, même si quelques contusions fort douloureuses mettent un frein temporaire à l’apprentissage… Mais la volonté de Céline reste entière et après s’être relevée contusionnée et quand même un peu sonnée, elle remonte sur la moto pour un tour de piste afin de s’assurer que cette gamelle n’a pas entamé sa volonté et que sa motivation est toujours au taquet. Cet incident va mettre en lumière que la poignée de frein n’est pas adaptée à la morphologie de Céline. Une poignée plus longue est montée sur la moto et le tour est joué.
Arrive le 21 décembre 2021 et le passage de l’examen du plateau. Et là, c’est un véritable spectacle de cirque qui se met en place avec comme elle le dit elle-même, elle s’y sent comme l’animal vedette. Quelques explications !...
D’abord, Céline ne passe pas avec les autres candidats, il lui faudra patienter dans le froid de ce 21 décembre… L’inspecteur en chef s’est déplacé juste pour elle et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il l’attend au tournant. Sous les regards de tous ceux présents et de cet inspecteur qui, le moins que l’on puisse dire, ne fait rien pour la mettre en confiance, Céline s’élance la boule au ventre et ça foire… Oh, de peu… de 20 centimètres… L’inspecteur ayant jugé que pour contrôler la vitesse avant le freinage, il devait se mettre au plus près de la trajectoire de Céline. Pour Céline, les deux ou trois secondes où elle s’est demandé si elle devait charger l’inspecteur sur le guidon, lui ont été fatidiques et fait foirer son freinage !... Gros coup au moral, mais ce « manqué de peu », l’a rassuré… Ce permis est à portée de main !
Mais revenons sur cette épreuve et ces conditions qui sont tout simplement inadmissibles… Pourquoi Céline a-t-elle eu droit à ce « traitement de faveur » … L’inspecteur en chef qui se déplace juste pour lui faire passer son examen ? Sa situation de personne handicapée (pour elle qui ne s’est jamais senti dans la peau d’une handicapée !) requérait-elle cette mise en situation stressante ? Cela ressemble fortement à de la discrimination et c’est ce qui a fait sortir Sylvain, son formateur et propriétaire de l'Auto-Ecole Sylvain de Coutances, de ses gonds. Un gros coup de gueule bien senti auprès des instances des permis de conduire pour remettre les pendules à l’heure et rappeler que tout candidat, handicapé ou non, présent sur la piste d’examen doit bénéficier du même traitement.
Le 18 janvier 2022, retour sur le plateau d’examen. Là, plus de discrimination, l’inspecteur présent est top et a déjà fait passer le permis à 3 personnes handicapées de la région. De quoi vous mettre en confiance !... Céline plus détendue et déterminée que jamais s’élance et s’aperçoit qu’elle a gardé son gros gant d’hiver peu pratique pour le lent… Bon, ça foire une première fois mais un changement de gant plus tard fait toute la différence et là, c’est gagné !
Le 15 février, ce sera la circulation avec un bout de conduite sous la pluie sur le périphérique, qui lui donne quelques sueurs froides. Puis la longue attente génératrice de stress et d’insomnies, avant qu’enfin le résultat lui soit communiqué et c’est l’euphorie de la victoire, son « permis de liberté » comme elle l’appelle, est dans la poche.
Son plus grand bonheur dans cette aventure nous confie-t-elle, c’est de lire la fierté dans les yeux de son papa pour sa fille qui a su aller au bout de son rêve.
Maintenant, laissons conclure Céline.
Je voudrais dire un grand merci :
- À HMS et à Marc qui a supporté tous mes appels pendant 4 mois,
- À Pierre LEMARCHAND d'ORTHOFIGA CAEN qui a su gérer en 3 semaines seulement mon projet prothèse,
- À Pierre FLORES pour son soutien et ses conseils si précieux à mes yeux,
- À Baloo Rider pour sa fantastique prothèse et sa rapidité à me l'envoyer.
- À Sylvain et Valentin de l'Auto-école Sylvain à Coutances, pour leur formation, leur soutien, leur fierté ressentie à l'issue positive des examens, à leur patience, car je n'ai pas un caractère facile et mes excuses à toi, Sylvain pour avoir douté de toi et de ta formation à un moment donné,
- À mon conjoint Sébastien, mes enfants Léa, Camille, Nicolas et Valentin, à mes amis et en particulier Isabelle, pour leur soutien durant cette étape très importante de ma vie et Dieu sait si j'ai pu les saouler depuis le début avec mes joies, mes peines, mes doutes, mes angoisses, mes craintes et tout mon stress.
Et dernière chose, je voudrais rendre un immense hommage à mes parents et en particulier à mon père Christian (de qui je tiens cette passion de la moto), qui m'ont élevée de telle sorte que je sois toujours autonome et indépendante malgré le handicap. C'est grâce à eux que j'ai en moi cette rage de vaincre, de ne jamais baisser les bras et de ne jamais rien lâcher quand je veux quelque chose. INFINIMENT merci pour tout, je vous aime tellement.
ET MAINTENANT, A MOI LES BALLADES EN 2 ROUES !
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