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Jean-Louis (57) : Permis moto solo DCT
Atteint par le virus de la poliomyélite à l’âge d’un an, je souffre d’une paralysie du membre inferieur gauche et d’une importante scoliose. J’ai dû porter un corset pour mon dos durant toute mon enfance et je ne peux pas me déplacer sans l’aide d’une orthèse cruro-pédieuse.
J’ai subi de nombreuses opérations chirurgicales entraînant mon institutionnalisation en centre spécialisé pour handicapé moteur durant toute mon enfance et adolescence, loin de ma famille durant de longues semaines.
J’ai ainsi découvert les courses de vitesse en fauteuil roulant, à défaut de pouvoir marcher. Déjà à cette époque, le deux-roues était associé à l’idée de vitesse ! J’entretenais deux rêves : pouvoir marcher sur mes deux jambes comme tout un chacun et me déplacer en moto.
A seize ans, je montais pour la première fois sur une mobylette et ressentais une sensation de liberté et de vitesse grisante, me confirmant dans mon désir de posséder une moto qui m’ouvrirait les portes de l’aventure et de la liberté. Malheureusement, la paralysie dont je suis porteur m’interdit de pouvoir passer les vitesses ou de freiner une moto non équipée d’une boîte automatique. Mon rêve était condamné à ne rester qu’un rêve ! Je n’appartiendrai jamais à la grande famille des motards, je ne possèderai jamais une Goldwing !
A quarante ans, j’ai bien acheté un scooter 125, mais je l’ai rapidement revendu, ne ressentant aucun plaisir à rouler, ne me sentant pas et n’étant pas identifié comme motard. J’ai enfoui ce rêve encore durant près de vingt ans.
A l’occasion d’un renouvellement d’orthèse, je vois arriver à la consultation, mon orthopédiste Monsieur THOMAS, sur une grosse cylindrée. Et là, ma passion s’éveille à nouveau et je recommence à parler moto. Il m’apprend que des motos en particulier des Honda existent en boîte automatique ou DCT.
Le lendemain, après une nuit agitée, pleine d’images du site Honda évoquant la NX 750 DCT accessible avec un permis A2, je recherche dans la région, puis en France, des moto-écoles équipées pour cette aventure. Nouvelle déception, aucune école n’assure cette prise en charge. Je poursuis mes recherches et, un peu par hasard, je tape « motard et handicapé » sur un moteur de recherche. C’est ainsi que je découvre le site de HMS qui allait me permettre d’exaucer mon rêve. Après un contact téléphonique avec Marc BRUIN, la passion et la joie reprennent vie. Je vais pouvoir devenir MOTARD. Premier écueil, trouver une moto-école dans ma région, acceptant de relever ce challenge ! L’équipe de l’auto-école MARIO de METZ et en particulier Clément DUVAL, s’est engagée. J’appelle Marc de HMS, qui m’inscrit sur liste d’attente. Je rêve tout éveillé comme un enfant à l’approche de Noël.
Quelques semaines plus tard, Marc me rappelle pour m’annoncer que la 750 DCT est à ma disposition. Panique et émerveillement, je dois trouver une remorque pour la ramener en Moselle. Une collègue de travail m’en prête une et un ami, Sébastien, se propose de me conduire chez Marc afin de prendre livraison du bijou.
Nous livrons la moto au centre de formation et le week-end suivant, je suis dessus.
Joie et déception, j’ai beaucoup de mal à tenir l’équilibre et les premières heures sont catastrophiques. Comme le disait Clément : « la chute, tu maîtrises !». Heureusement, que la moto était protégée ! Je ne compte pas le nombre de chutes dont deux graves. Ne pouvant poser mon pied gauche, à très faible allure, lors d’un braquage à gauche, je coupais les gaz et tombais. Je me fracturais le premier orteil gauche lors d’une première chute et j’explosais l’articulation de l’orthèse au niveau de la cheville, mais sans m’occasionner fort heureusement de blessure à la seconde. Ces jours-là, j’ai eu beaucoup de chance. Rien n’y fait, malgré des regards étonnés et inquiets, je ne cessais de remonter sur cette moto, encore et toujours.
En raison de contraintes professionnelles, je ne peux suivre des cours de plateau qu’un ou deux samedis par mois. Je progresse très, très lentement et j’apprends à maîtriser parfaitement les chutes sans plus aucun dégât matériel ou physique.
Après quelques mois, Marc me rappelle et je décide de ramener la moto à HMS pour que d’autres passionnés puissent relever le défi.
Convaincu que j’y arriverai, j’achète une Honda DCT 750 et je la fais équiper de protection près d’Auxerre. Encore une fois, Sébastien est là et nous effectuons le périple dans la même journée. Après avoir acheté une remorque, nous ramenons la DCT à Marc en région parisienne, descendons près d’Auxerre chercher ma moto équipée et remontons en Moselle. Merci Sébastien, pour ce périple !
Sur les conseils de Clément, je fais aménager le frein arrière au poignet gauche. Grâce à cet aménagement, je freine plus facilement et je peux braquer à gauche à fond pour les épreuves lentes du plateau. Je fais rapidement d’importants progrès et Clément me propose à l’épreuve du plateau. Je suis tellement stressé que je prends la première porte de l’épreuve et chute. Deuxième tentative, un mois après, je dois accepter un nouvel échec dans l’épreuve du lent. Ne pouvant pas poser le pied gauche au sol, j’ai beaucoup d’appréhension lorsque je dois braquer à gauche à fond ! Obstiné, je décide de reprendre de nombreuses heures de pilotage avec Clément, spécialiste français du Gymkhana. Je prends confiance en moi, au point de trouver un réel plaisir à cet exercice du lent sans jamais poser un pied au sol.
Avec quatre-vingt-dix heures de plateau au compteur, je repasse l’épreuve du plateau avec le soutien de Clément et le réussis sous les applaudissements de la quinzaine de candidats, de moniteurs et de l’inspecteur. Après quatorze heures de circulation, je me présente à l’épreuve de circulation et l’effectue par deux degrés Celsius. Je suis à nouveau tellement stressé que j’effectue les 20 minutes de voie rapide à 110 km/h avec la visière ouverte. Je termine frigorifié !
72 heures d’attente et les résultats sur internet m’offrent un magnifique cadeau. J’étais comme un enfant à Noël découvrant son cadeau tellement désiré.
Maintenant, est venu le temps du plaisir, je me sens motard et suis reconnu comme tel.
J’ai hâte d’apporter mon aide le dernier week-end d’avril à Sébastien, ancien président de l’association : «Une rose, un espoir», qui permet de recueillir des fonds pour la ligue contre le cancer. Étant moi-même médecin, je suis très attaché à cette association de motards.
Je remercie l’association HMS de m’avoir prêté une moto afin que je puisse prendre conscience de mes possibilités de pilotage.
Je remercie Clément pour ses conseils et sa persévérance, je remercie Sébastien pour toute son aide logistique dans la réalisation de ce rêve et surtout je remercie ma compagne pour son soutien et son amour.
Je ne sais pas si ,dans deux ans, après l’épreuve de passage du permis A, j’achèterai une Goldwing, mais pour l’instant, je savoure la vie en me baladant sur les chemins de Lorraine.
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